Vivre avec les kangourous

Après une semaine à Melbourne à visiter la ville en long, en large et en travers, mon envie de nature, de calme et de ressourcement grandit. Ça tombe bien, 6 mois avant de partir, pratiquement en même temps que lorsque j’ai pris mes billets, j’ai contacté Denise pour venir faire du bénévolat dans son Shelter : Un refuge pour les kangourous.

Arrivée au shelter

Après une heure de train pour Bendigo depuis Melbourne, un bus pour rejoindre Inglewood, on vient me cherche en voiture pour aller jusqu’au shelter. Les maisons des villages ressemblent à ceux des westerns, il y a des champs à perte de vue depuis la route, les couleurs sont chaudes,la nature asséchée et le climat plutôt aride ici.
J’arrive au shelter, accueillie par des kangourous qui sautent partout autour de moi. C’est juste incroyable et un peu surnaturel, je dois le dire, de les voir gambader tout autour de moi, aussi proches de soi. Suis-je au pays des kangourous ? Je fais la connaissance des autres personnes en bénévolat et visite l’ensemble du domaine. Les chambres sont dans des préfabriqués en métal qui donnent sur un paysage magnifique : au loin la forêt à perte de vue, les champs, puis un lac et un gigantesque arbre au premier plan. L’endroit où je prendrai bientôt tous les matins mon petit-déjeuner. Et pour clôturer la scène de ce premier soir, quelques kangourous sauvages et un cheval qui viendra dire bonjour chaque jour en fin d’après-midi ou à la tombée du soleil.

Déroulement d’une journée type

Les journées sont longues et prenantes : les animaux n’attendent pas, ils ont besoin de nous.
Lever à 8h, le temps de prendre une douche et un petit déjeuner sur le banc balançoire à côté du bel arbre. Le silence, le vent frais, la nature à perte de vue et le premier kangourou qui vient déjà me dire bonjour. A 9h la journée commence. On doit préparer les biberons pour les bébés kangourous, les ados et les adultes, mais aussi nourrir les chats et les pies.

Je serais la maman adoptive du petit Kevin pendant mon séjour ici. Un tout petit bébé kangourous qui m’agrippe le doigt lorsqu’il dévore goulument son biberon. Ces moments avec lui font partie des plus beaux moments de mon voyage. Je lui parle souvent pour lui dire de tenir le coup, qu’il est fort et que j’imagine comme cela doit être dur sans sa maman pour lui tenir chaud dans sa poche et lui donner l’amour dont il a besoin. Les bébés kangourous perdent souvent leurs mères car elles se prennent dans les barrières barbelées que les habitants érigent partout autour de leur propriété. De nombreuses personnes, aujourd’hui conscientes du danger que ces barrières représentent, les remplacent par des non barbelées. D’autres au contraire les laissent volontairement, car beaucoup considère encore les kangourous comme la peste de l’Australie, détruisant champs et jardins. Les bébés orphelins sont d’une extrême fragilité et beaucoup meurt en tombant malade. C’est une réelle victoire qu’un bébé kangourou devienne adulte sans sa mère.
Avant ce moment particulier avec Kévin, je prépare des petites boulettes de viandes avec de la poudre insectivore pour les pies, qui sont gardées ici le temps d’être soignées et de reprendre des forces avant d’être relâchées en liberté dans la nature. Certaines crient famine à chaque fois que l’on rentre dans la cage pour qu’on les nourrisse vite ; avec d’autres c’est plus difficile. A chaque fois qu’elles ouvrent leur bec en grand pour que je leur glisse une petite boulette de viande, je me dis que l’Homme peut vraiment être serviteur de la nature et non pilleur éternel.

C’est au tour des ados et des adultes de prendre leur biberon. Ce sont des amours, je ne pensais pas que des kangourous pouvaient être aussi affectueux et friands de câlins et de caresses. Certains se chamaillent gentiment car je n’ai que deux mains et théoriquement que deux biberons à la fois, même si souvent je donne à manger à trois kangourous en même temps… Au début; les couleurs sur leurs oreilles me permettent de les reconnaître, mais c’est difficile… Puis ils deviennent comme des amis à force de les côtoyer matin, midi et soir chaque jour de la semaine. Une fois les biberons terminés on les lave bien pour qu’ils soient prêts pour 13h. Le meilleur moment arrive : le biberon de Kévin dans mes bras. Concernant les bébés, une fois leur biberon fini et une petite balade de quelques sauts, il faut essayer de se substituer à leur mère encore une fois en stimulant leur région anale pour qu’ils fassent leurs besoins. Plusieurs de feuilles de papier toilette font l’affaire. Un vrai travail de mère de A à Z. Puis il saute dans sa poche et je le remets dans son lit douillet, où l’on essaye tant bien que mal de recréer l’atmosphère de la poche de sa maman.

La fin de matinée est dédiée au nettoyage des cages à oiseaux et des enclos des kangourous. On leur remet à manger et surtout on nettoie leurs excréments tous les jours pour que leur espace soit le plus propre possible.
Juste le temps de préparer à déjeuner, de déjeuner en plein soleil dehors devant le grand arbre, et il est déjà 13h et l’heure des biberons a encore sonné. Ce sont mes moments préférés. Bob est toujours le premier à venir dans la salle où on chauffe les biberons et à sauter contre nos jambes ou à téter (et baver sur) ma robe pour nous montrer qu’il est l’heure et qu’il a faim. Un biberon et un moment câlins avec Bob, puis on passe aux autres ados et enfin aux bébés. Petit break de 2h l’après-midi, qui est pour moi le temps d’avancer sur mon travail de freelance et d’écrire des articles.
17h, rebelotte, préparation de biberons, moment câlins… C’est l’heure de préparer le repas du soir et de diner, puis à 21h de préparer les derniers biberons pour les ados et les bébés. Des journées bien remplies qui m’emplissent de bonheur et d’amour au contact des animaux et me font prendre conscience de la dureté du travail de paysans.

Denise et son beau shelter

Denise, la propriétaire des lieux, fait ce travail bénévolement. Elle s’est lancée dans cette folle aventure il y a 20 ans avec son mari, aujourd’hui décédé. Elle travaille à mi-temps dans une entreprise de recyclage, et le reste du temps est appelée pour aller récupérer des oiseaux en détresse, des kangourous blessés, des bébés retrouvés seuls ou encore des serpents chez les habitants. Cela demande un amour inconditionnel pour les animaux et une passion. Elle connait un tas de choses sur les animaux et répond toujours à chacune de mes questions. J’ai beaucoup appris à ses côtés. La plupart de mes stories instagram permanentes au shelter et toutes les informations dedans ont été écrites grâce à son savoir. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez passer par chez elle.


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